L'ilôt Tillou et la révision du PLU

Publié le par PR

En 2005 l'ensemble des habitants de la Communauté Urbaine de Bordeaux (CUB) a été mobilisé pour mettre au point le Plan Local d'Urbanisme (PLU) dont l'objectif premier est de permettre une plus grande densification urbaine afin de lutter contre l'expansion de la ville (voir l'article de Petra « Densifier … à quel prix » du 21 mars).
Se pose maintenant tous les ans la question de la révision de ce PLU.
Bien sûr il est légitime de considérer que les choses évoluent et que la réglementation puisse évoluer en fonction des besoins. Mais il faut aussi être vigilant sur la façon dont les choses se passent.

Prenons l'exemple récent du projet de résidence en haute qualité environnementale sur « l'ilôt Tillou », devant le château du Prince Noir rue Roustaing.
Suite à l'abandon de tout projet de la ville de Talence sur cette parcelle, un promoteur présente un projet à la Mairie, en vue de permis de construire. Souhaitant jouer la carte de la concertation, la Mairie invite les riverains à une réunion où le projet est présenté devant des habitants du quartier, à la fois par l'adjoint à l'urbanisme et par le cabinet du promoteur.
Dans son introduction l'adjoint assure qu'aucune décision ne sera prise sans tenir compte de l'avis des riverains présents à cette réunion.
La projection d'images 3D toutes plus belles les unes que les autres tente de répondre à l'avance à toutes les questions que l'on peut prévoir de la part des habitants. Oui il y aura des espaces verts, oui il y aura suffisamment de parkings, oui … Mais surtout il s'agit d'un projet d'avant-garde en matière de protection de l'environnement !
Le hic, c'est qu'il faut revenir sur les choix longuement débattus auparavant par les citoyens dans le cadre de la mise en place du PLU. En effet, dans ce quartier la municipalité et les citoyens consultés par enquête publique, ont fixé la limite de hauteur constructible à 7,5 m. Le promoteur est inflexible : il n'entreprendra le chantier que si la hauteur construite est de 9 m, ce qui permet un étage supplémentaire et donc d'atteindre son seuil de rentabilité.
S'ensuit un débat animé entre d'une part l'adjoint et les techniciens du promoteur, et d'autre part les citoyens et représentants de l'opposition municipale.
Devant l'évidence qu'une demande de prise de position de l'assemblée (par exemple par un vote) ne conduirait pas à un soutien du projet, l'adjoint renonce à tirer d'autre conclusion que la promesse évasive que le Maire ne prendrait pas de décision sans prendre en compte les remarques faites par les riverains !
Lors du dernier conseil communal Nord, le 25 mars, le 2ème point de l'ordre du jour concerne la modification du PLU.
Bien sûr apparaît la proposition de changer, sur la zone concernée, la hauteur constructible, pour passer de 7,5 m à 9 m.

Faut-il s'attendre à ce que, tous les ans, pour permettre aux bétonneurs de faire des affaires juteuses, la municipalité de Talence accepte de proposer des modifications du PLU, toujours dans le sens de l'augmentation de la hauteur, ou de la surface constructible, oubliant les engagements initiaux de respecter les citoyens et les conditions minimales de sauvegarde de la qualité de vie en ville?

Quel sera le bénéfice de la densification forcée lorsque les habitants des villes fuiront les nuisances qui en découleront pour s'installer un peu plus loin en périphérie ?

Je rappelle que cette modification du PLU est soumise à enquête publique du 6 avril au 7 mai.

 

par Benoit Bergeon

Publié dans A Talence

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